Philippe Colin et Xavier Mauduit, dans l'émission l'Œil de tigre diffusée par France Inter chaque dimanche, parlent cette fois de langues et d'orthographe, à l'occasion de la sortie du nouvel ouvrage de M. Mauduit consacré à l'histoire de la France.
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Voici ci-dessous la transcription.
Écoute 1 : la dictée devient unificatrice
Au XIX siècle, au moment où se construit la nation, les dirigeants se rendent compte qu'une langue commune à toute la France est absolument nécessaire. Il y a pas si longtemps que ça, en fait, le français n'était pas la langue la plus parlée en France, hein. La langue maternelle, c'était souvent la langue régionale ou le patois, et donc, au milieu du XIX siècle, il y a la décision d'unifier la langue. Ça commence avec les lois Guizot, 1830. Chaque commune de plus de 500 habitants doit avoir une école, puis ça continue, vous l'avez dit, les lois Falloux, puis évidemment les lois Ferry, et la volonté très nette d'unifier la langue parce que tous les petits Français font partie du même pays, donc parlent la même langue.
Écoute 2 : les jeunes écrivent beaucoup
D'ailleurs, il y a quelque chose de fondamentale dans notre société. C'est qu'on a l'idée que les jeunes n'écrivent plus. Mais non ! Jamais dans l'histoire les jeunes n'ont tant écrit. Regardez bien toute cette jeunesse qui nous entoure, tous ces stagiaires de troisième dans le studio. Ils ne parlent pas au téléphone en fait, ils écrivent beaucoup sur les réseaux sociaux, par sms. Donc, on a une génération étonnamment qui écrit beaucoup plus que nous-même.
Écoute 3 : quand on est mauvais en orthographe
Ils sont des marqueurs sociaux, c'est-à-dire qu'on sait bien de la manière de parler, de la manière de s'habiller, de la manière de se tenir, qu'on vient d'un milieu social ou d'un autre. C'est triste mais c'est comme ça, et quand on dit "la voiture à Ali", on sent que là on a une faute, et c'est "la voiture d'Ali". Et donc il y a quelque chose de complexe avec l'orthographe. C'est que face à un pannel où il faut choisir, on cherche un critère, et l'orthographe en est un. Après il faut regarder l'ampleur de la faute. Faire une faute sur ambiguïté, pas savoir où se met le tréma, ça passe encore. Mais après il y en a d'autres, c'est vrai, qui font froid dans le dos.
Écoute 4 : l'orthographe a évolué au fil du temps
Dans les dictées, c'est assez intéressant de voir justement que l'orthographe a évolué, c'est-à-dire qu'on prend des dictées d'il y a quelques décennies ou bien d'un siècle et on se dit "Bah ils font des fautes dans la dictée". L'orthographe évolue et vit énormément. Il y a un vrai choix dans la mise en place des dictées. C'est rigolo de voir les instructions, c'est-à-dire comment l'instituteur doit faire sa dictée. Très vite on se dit "Mais non, ça ne sert à rien de donner un texte à un élève s'il n'a pas travaillé". Voyons, au XIX siècle on commence déjà à réfléchir, puis après on commence aussi à se pencher sur la question des mots compliqués. J'ai adoré cette dictée sur une haridelle. Le mot, complètement inusité aujourd'hui, une haridelle, une vieille jument. Donc, l'utilité de savoir écrire haridelle, c'est toujours bien, tant mieux. Ça sert, oui, oui. On trouve ça dans des chansons de Brel. Mais on va-, on sent qu'il faut vraiment adapter la dictée à son public.
Écoute 5 : traumatisante la dictée ?
C'est un débat, on le sait bien. Il y a les partisans, ceux qui sont contre la dictée. La notion traumatisme qui a été évoquée est hyper important..importante. Est-ce qu'il faut traumatiser les enfants par la dictée, par le par cœur ? Mais c'est compliqué comme histoire, parce que c'est vrai qu'on devrait pas traumatiser. Le mot est trop fort pour simplement une dictée. On peut aussi les conduire à des traumatismes futurs.
- Et est-ce que le niveau baisse vraiment, le niveau des élèves en matière de dictée ?
Mais non, il baisse pas. Il y a un exercice qui a été fait. Un inspecteur de l'académie avait pris des dictées, la dictée des arbres de FL, à la fin du XIX et il avait fait des statistiques. Ça a été repris dans les années 1980. Statistiques refaites et le niveau avait augmenté.
Écoute 6 : les trucs mnémotechniques
Il faut plus d'air (R) pour se nourrir que pour mourir, donc nourrir a deux R et mourir n'en a qu'un. Je n'aperçoit qu'un P à apercevoir. C'est pour François, spécial dédicace. La tâche, ce travail nécessite un chapeau, l'accent circonflexe. Ce sont toujours très rigolos, ces petits procédés mnémotechniques.
Voilà. J'espère que ça vous a été utile. N'oubliez pas d'aimer la page du blog sur facebook et de rester connecté !
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