mercredi 7 décembre 2016

French listening exercise | Nicole Ferroni | Une politique pas très rentable (07/12/16)

Nicole Ferroni se demande pourquoi autant d'énergie a été gaspillée pendant ces mois pour parler des primaires

L'invité du jour, c'était François Bayrou, homme politique de Pau. Cette chronique a été diffusée dans l'émission le 7/9 de Patrick Cohen sur France Inter.

Retrouvez ci-dessous la transcription.

Une politique pas très rentable



▼ Transcription :

Nicole Ferroni, on me dit que vous êtes solidaire.


Oui, aujourd'hui effectivement je suis assez solidaire avec M. Bayrou parce que lui et moi nous sommes un petit peu comme les bou* de province venus en capital pour parler dans ce micro. On vient de loin loin loin loin. Lui, il vient de Pau pau pau. Et moi je viens de par là par là par là. Lui il est complètement à l'ouest, moi je suis du sud-est et comme à chaque fois, le mercredi matin on se retrouve lui et moi à Paris dans une des marches qui n'est pas du tout rentable, énergiquement, puisque finalement son temps de parole, votre temps de parole est assez court, entre les questions de M. Cohen. (Vous voudriez qu'on se déplace, tous, pour venir vous voir ?) (Oui, ce serait bien. Franchement, à Pau, dans le sud-est, venez nous voir) pourquoi pas ? Voilà.
Oui alors, justement, oui, vous parliez de quoi du coup ? Un quart d'heure à tout casser, alors que pour cela il vous a bien sûr fallu venir de Pau, prendre un taxi de chez vous à l'aéroport, puis l'avion, puis récupérer votre valise sur le tapis, comme toutes les valises se ressemblent, le temps de courir derrière le type qui est parti avec la vôtre lui expliquer que, oui, vous êtes le vrai François Bayrou, prendre un selfie pour sa mère, parce que comme toutes les mères de France, elle vous aime bien, passer 8 heures à l'hôtel, avant d'aller à Radio France, ça fait un périple de presque 20h pour 15 minutes d'antenne, et là je me disais "Ai ai ai ai toute cette énergie gaspillée, il ne pourra pas réussir en politique, parce que la politique c'est comme le commerce : le temps c'est de l'argent et chaque effort doit être un investissement". Il faut avancer, avancer, avancer comme un bon moteur de voiture. Alors bien sûr, un bon moteur de voiture qui marche, pas comme la vieille Punto de mon père qui ne va pas tarder à nous lâcher parce qu'elle a un gros problème de surchauffe. Vous allez me dire Mais Nicole, comment peut-elle avoir un problème de surchauffe, alors qu'on est en plein mois de décembre et qu'il fait froid. Et là, en fait, c'est tout simplement que dans les voitures, quand le moteur tourne, de la totalité de l'énergie contenue dans l'essence, énergie chimique, il n'y a que 25% de cette énergie qui sert à faire bouger les roues. Tout le reste est complètement perdu sous forme de chaleur, soit de friction de frottement des pneus, soit il y a la combustion, d'où la surchauffe, et en plus la chaleur n'est finalement que la traduction de l'agitation moléculaire, hein, du désordre, concrètement l'énergie d'un moteur devient à 25% efficace mais surtout à 75% du bordel, donc on est sur un vrai mauvais rendement. Et vous allez me dire "Oui, Nicole, ça c'est pour la Punto pourrie de votre père mais ça n'a rien à voir avec la politique". Et bah justement, M. Bayrou, j'ai essayé de calculer le rendement de la politique française et pour cela j'ai regardé pendant deux semaines le journal télévisé de France 2 pour voir comment notre classe politique s'attaquait aux problèmes majeurs de notre société.
Et là j'ai vu que le 27 novembre le ¾ du journal se demande si Fillon va bien gagner. Le 28 le ¾ du journal sert à l'annoncer, ils se demandent si Hollande va y aller, ce qui font aussi les journaux du 29 et du 30, jusqu'à ce que le premier décembre 100% du journal est dévoué à annoncer que non il n'y ira pas. Alors le lendemain le 50% se demandait mais qui va aller à sa place. Heureusement le 5, l'entier du journal annonce que ça sera Valls, Valls qui vient de commenter dans le journal du 6 sur le 2/3 du temps son propre remplacement. Et quand on voit ça, on a envie de se dire "Mais je ne savais pas que la France allait si bien au point qu'on pouvait se permettre de dévouer autant d'énergie à un problème de candidature à la présidentielle, qui non seulement n'est pas un problème à traiter, mais de surcroît a lieu dans 6 mois". Alors ça fait déjà 6 mois qu'on en parle, je me dis mais 12 mois sur un quinquennat qui en fait 60 au total à s'occuper du prochain quinquennat, ça fait quand même 20% d'énergie à blanc. Et je me dis "Mais est-ce qu'il ne serait pas mieux de leur dire "Écoutez, battez-vous en interne, vous nous envoyez un mail avant les primaires, faites deux bondes la veille et en attendant vous allez au boulot, vous occuper je ne sais pas, du chômage, du reste", comme M. Fillon qui par exemple pourrait retourner dans la commission des affaires étrangères, donc s'il fait partie de l'Assemblée nationale et dans laquelle il n'a visiblement pas pris part au vote depuis le mois de mai, parce que l'énergie perdue non pas par friction des pneus mais par friction des egos, dissipation de chaleur parce que tous les esprits s'échauffent, et "du coup tout ce désordre de molécules pour au final si peu de mouvement, on se dit attention, politique, il faudrait pas s'étonner si un jour tu finis comme la vieille Punto de mon père, en pièces détachées".




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