French listening | Sophia Aram | François Hollande : vous avez 150 jours devant vous

À la suite de l'annonce du président Hollande de ne pas se représenter aux présidentielles de 2017, Sophia Aram, humoriste de France Inter, fait quelques propositions sur comment il pourrait passer les derniers 150 jours de son mandat.


Retrouvez ci-dessous la transcription de la chronique et quelques petits éclaircissements.

François Hollande : vous avez 150 jours devant vous

▼ Transcription :

Sophia Aram, c'est à vous.

Oui, ça y est. Comme premier, je m'adresse à mon président.
M. le président, cher François. Jeudi dernier vous avez annoncé, non sans une certaine émotion, votre non-candidature à votre propre succession, ce qui voulait environ 150 jours avant de remballer vos effets personnels et de négocier la garde alternée de *. 150 jours c'est peu. Pas assez pour se lancer dans un grand discours de politique générale, sans que le réalisme qui vous habite, ne rabaisse vos ardeurs par des formules du type "Il faut savoir terminer", "L'importance est de finir proprement" ou par une promesse aux Français du type "Chers compatriotes, je veillerai, soyez-en sûrs", la lumière en sortant.

Et pourtant, 150 jours c'est 3600 heures, 216 mille minutes, durant lesquels vous aurez plus de pouvoir pour agir, pour marquer, pour changer les choses que vous n'en aurez peut-être plus jamais dans votre vie. C'est le moment de lâcher les freins sans calcul, sans ménagement, sans vous soucier des réactions, sans faire le tri entre l'utile et le superficiel, le symbolique ou le concret, l'essentiel et l'accessoire, le polémique ou le consensuel. Faites ce que vous voulez, mais lâchez-vous. Et si les idées ne vous viennent pas tout de suite, j'ai quelques propositions à vous faire, histoire d'amorcer la bombe.

Alors, c'est parti.
Commencez par retrouver l'éclairagiste qui était allé chercher un allogène dans l'* de l'Élysée pour éclairer votre intervention télévisée jeudi dernier et jetez-le en prison. C'est pas possible de faire des trucs pareils.

Faites des tours en scooter sans casque, dans le jardin de l'Élysée. Je sais, ça sert à rien mais ça vous mettra dans l'ambiance.

Enregistrez les journalistes et publiez tout ce qu'ils vous ont raconté. Après tout, vous avez passé suffisamment de temps avec eux. C'est le moment de l'utiliser. Et j'ai déjà le titre. Ce serait "Des journalistes ne devraient pas dire ça".

Mangez autant de steaks frites que vous voulez, à l'heure que vous voulez. 

Prenez le 06 de Putin et passez votre journée à le troller, traitez-le d'enfoiré, de criminel de guerre, une petite suite dans le centre-ville de La Haye, à deux pas du tribunal. Profitez-en pour lui demander l'adresse de Bashar al-Assad pour lui envoyer une godasse à la gueule ou un missile, selon votre humeur du moment.

Emmenez les femens dans l'avion présidentiel et allez soutenir les polonaises qui se battent pour le droit à l'IVG. Je sais pas si ça sera utile mais je vous promets un bon moment de rigolade. Et puis si ça vous a plu, amenez-les à l'investiture de Trump. Je sais qu'il y a 500 mille femmes qui seront là-bas uniquement pour siffler le futur président des États-Unis. Reprenez donc un petit peu de frites. Il faudra bien quelqu'un qui les termine.

Interdisez-les * dans les taboulés, la mayonnaise industrielle, les grumeaux dans la pâte à crêpes et les tomates calibrées.

Faites l'historique des prévisions de (nom) et recherchez celles où il ne s'est pas bourré. Et puis quand vous aurez fini, faites la même chose pour Attali.

Pour Noël, offrez des cours d'alphabetisation à Nadine Morano, ça c'est un cadeau rigolo et utile à la fois.

Mettez des contrepèteries dans tous vos discours, ça occupera les commentateurs. 

Et puis si votre agenda ne vous permettra pas de faire tout ça, prenez au moins le temps de prendre un hélicoptère, d'aller jusqu'en Syrie et atterrir à Alep, histoire de voir si Vladimir Putin et Bashar al-Assad continuent leur massacre après votre arrivée. Je sais, ça semble un peu baroque comme ça, comme idée, mais un autre François, un certain Mitterrand, était allé à Sarajevo avec un certain succès, je crois.

▼ Éclaircissements :

lâcher les freins : se laisser aller.
le 06 : le numéro de téléphone (car chaque numéro de téléphone en France commence par 06)
une godasse : mot populaire pour chaussure.
contrepèterie : jeu de mots consistant à permuter certaines syllabes d'une phrase afin d'en obtenir une autre.

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Voilà. J'espère que ça vous a plu. N'oubliez pas d'écouter les autres chroniques avec transcription (portail Compréhension de l'oral) et d'aimer ma page de facebook pour soutenir le blog. Si vous avez des questions ou si vous avez remarqué des coquilles, n'hésitez pas à laisser un commentaire ci-dessous.

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