jeudi 20 octobre 2016

Le baron perché, extrait du chapitre IX

Voici un passage du chapitre IX de Le baron perché, roman écrit par l'auteur italien Italo Calvino et faisant partie de la trilogie Nos Ancêtres. Dans ce livre, l'écrivain raconte l'histoire de Côme Piovasco di Rondò, jeune appartenant à une famille noble qui décide, à la suite d'une dispute avec ses parents, d'aller vivre sur les arbres.
Dans cet extrait, vous trouverez des mots du lexique qui concerne la campagne. Cliquez ici pour l'article sur le vocabulaire avancé sur le sujet.



             IX. 

En somme, malgré sa fameuse fugue, Côme vivait auprès de nous comme avant, ou peu s'en faut. C'était un solitaire qui ne fuyait pas les hommes. Au contraire, on eût dit qu'il ne pouvait s'en passer. Il se postait là où des paysans piochaient, retournaient le fumier, fauchaient un pré, et leur donnait poliment le bonjour. Eux levaient la tête, ahuris ; il leur faisait comprendre aussitôt où il se trouvait : notre vieille manie de nous cacher pour faire des farces aux passants, quand nous montions ensemble dans les arbres, l'avait complètement quitté. Les premiers temps, les paysans qui le voyaient franchir de telles distances sur ses branches ne savaient trop quel parti adopter, se demandant s'il fallait lui tirer leur chapeau comme on fait devant un notable ou le houspiller comme un morveux. Ensuite, ils s'habituèrent et commencèrent d'échanger avec lui des propos sur leurs travaux, sur le temps ; ils semblaient même apprécier son jeu, un jeu ni meilleur ni pire que tant d'autres auxquels ils voyaient se livrer les riches.

Côme restait arrêté des demi-heures dans un arbre pour les regarder travailler et les interroger sur les engrais ou les semences ; il n'avait jamais eu l'occasion de rien faire de tel tant qu'il circulait à terre : une espèce de honte l'avait jusqu'alors empêché d'adresser la parole aux villageois et aux domestiques. A présent, il les informait de ce que le sillon qu'ils étaient occupés à tracer était ou n'était pas droit, de ce que les tomates étaient déjà mûres dans le champ du voisin ; ou bien il s'offrait à faire pour eux de petites commissions, par exemple aller dire à la femme d'un faucheur que celui-ce avait besoin d'une pierre à aiguisier, ou avertir qu'on détournât l'eau pour arroser un jardin. Et si, en se déplaçant pour des missions semblables, il voyait un vol de moineaux se poser dans un champ de blé, il faisait du tapage et agitait sa toque afin de les mettre en fuite. 



Voilà. J'espère que ce passage vous a plu. Si vous avez des questions, n'hésitez pas à laisser un commentaire ci-dessous ou à me contacter. Je vous conseille aussi de lire mes autres articles. Vous trouverez des tas de ressources pour apprendre et maîtriser la langue française!

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