Voilà un autre exercice avec sous-titres pour se préparer à l'épreuve de compréhension de l'oral de niveau avancé (DALF).
Il s'agit d'une chronique de l'humoriste et comédienne Nicole Ferroni, intitulée Loi IVG : les ovaires du courage ? et diffusée pendant la matinale Le 7/9 du journaliste Patrick Cohen par la station de radio France Inter, le 26 novembre 2014, jour du 40ème anniversaire de la loi Veil sur l'avortement volontaire. L'hôte du jour était Élisabeth Badinter, femme de lettres, philosophe et féministe française.
Loi IVG : les ovaires du courage ?
Patrick Cohen : Bonjour Nicole Ferroni.
Nicole Ferroni : Bonjour M. Cohen.
Patrick Cohen : On me dit que vous êtes perplexe.
Surtout
car, contrairement au mot couille, qui un peu, sonne un peu vulgaire,
un peu aggressif, le mot, comment dire, le nom l'ovaire, lover,
lover, amour, on voit que ça témoigne quand même, ça évoque
l'amour. Cet ovaire reliée à l'utérus par les trompes de Fallope, avec un F comme fabuleux, pour lesquelles justement il
aurait été un peu fabuleux de rebaptiser ce fameux manifeste des
343 salopes par un nom plus juste, à savoir le manifeste des 686 Fallopes, puisqu'il faut compter deux Fallopes par salope, puisque
chaque femme est, bien sûr, munie de deux trompes qui relient, bien
sûr, l'ovaire à l'utérus, cette matrice couveuse au centre des
débats, munie d'un muscle incroyable nommé le myomètre, maître
des muscles, capable de contractions à l'accouchement, et considéré
comme un des muscles, voire le muscle le plus puissant de l'espèce
humaine. Et je me demandais du coup si c'était pas pour ça que les
hommes étaient si investis dans les questions de l'utérus, parce
que comme ils ont l'habitude d'avoir l'apanage, un petit peu de la
puissance, peut-être qu'en gardant en pied dans l'utérus, c'est au
sens figuré hein, je parle, sinon c'est pas pratique, ils contrôlent
du coup la puissance de l'espèce humaine et conservent ainsi leur
position de force, parce que c'est vrai que quand on regarde dans le
collectif anti-IVG très impliqué dans la notion de grossesse donc
d'utérus, pour lesquelles on pourrait s'attendre à ce que les
femmes soient très représentées, parce que touchées dans leur
corps pour les questions de grossesse ou d'avortement ou que les
hommes et les femmes soient, on va dire, également, équitablement
représentés, puisque chacun en contribuant à part égale à
l'enfant, et bah on voit que ce sont surtout des hommes qui sont
impliqués dans le collectif : Sauver l'enfant à naître, fondé par
monsieur Grenouillaud, Laissez-les vivre par M. Chauchard, Sos tout
petit par M. Dor, Choisir la vie par M. Raoul. On voit des hommes,
des hommes, des hommes.
Patrick Cohen : On me dit que vous êtes perplexe.
Nicole Ferroni : Oui, parce que vous savez à l'occasion de cet
anniversaire de la loi IVG, voilà, je sais que beaucoup de gens
parlent de Simone Veil, et j'ai entendu hier justement à son sujet
et peut-être l'entend-on dire à votre sujet, M.me Badinter, cette
phrase “Faire ce qu'elle a fait, elle a eu du courage, cette
Simone Veil”, je cite, “voilà une femme qui avait des couilles”.
Et moi je vais être honnête. Je ne comprends pas pourquoi
systématiquement en France on associe les couilles au courage. Je
pense que les couilles ne devraient pas avoir le monopole du courage.
Déjà parce que, sinon, on appellerait ça du couillerage. Et ensuite
parce que, je suis désolée, je pense que si ce fameux 26 novembre
1974, où Simone Veil, qui par sa prise de position a été comme ça
plongée dans un débat de 25 heures, a dû faire face aux insultes,
aux menaces, au milieu de son propre camp et s'imposer seule face à
481 hommes et faire valoir le droit des femmes de disposer de leur
corps, je pense que si ce soir-là on avait voté pour la
représentativité du courage par des organes génitaux, je pense que
les ovaires méritaient largement de l'importer et qu'il ne serait
pas anormal qu'on dise aujourd'hui d'un homme courageux que c'est un
homme qui a des ovaires.
Et
donc moi je me dis, quand je vois des hommes comme ça tellement
investis dans l'utérus, je trouve que c'est dommage qu'on ne soit
pas des hippocampes. Parce que chez les hippocampes, contrairement à
l'espèce humaine, c'est le mâle qui porte les bébés et qui incube
près de 200 œufs dans sa poche. Et donc c'est à lui que revient la
responsabilité de voir se développer dans son corps des enfants
qu'il a conçu avec la femelle. Et du coup si ces messieurs
anti-avortement, au lieu de se tourner vers une carrière de
militants anti-IVG, s'étaient orientés plutôt vers une carrière
d'hippocampe, ils auraient pu mettre à profit, voire à pro-vie,
puisqu'ils se réclament pro-vie, leurs compétences. Déjà, leur
vie, pour leur vie à eux, parce que du coup au lieu de dépenser
inutilement de l'énergie à saccager des centres de planning
familiaux, ils pourraient se concentrer sur leur grossesse et
s'éviter des problèmes avec la justice, et ensuite pour la vie de
ces embryons qu'ils pourraient incuber et ensuite pour la vie des
femmes qui dans la détresse se tournent vers l' IVG. Parce qu'on
sait quand même qu'avant la loi IVG 400 femmes mouraient chaque
année de suite d'avortements clandestins, on peut pas considérer
que revenir à cette époque est une démarche pro-vie, c'est une
démarche problème, mais pas pro-vie.
Et
donc je pense qu'en se retrouvant dans le statut d'hippocampe à
porter des embryons qu'ils n'ont peut-être pas toujours choisi
d'avoir, ils pourront faire preuve de plus de compréhension
vis-à-vis des femmes et ils ne resteront pas campés sur leur
position, mais hippocampés, pour que la seule chose qui soit
avortée, ce soit leurs préjugés.
Petit dictionnaire :
IVG : interruption volontaire de grossesse.
couille : mot vulgaire synonyme de testicule, symbole du courage dans le langage familier.
couillerage : jeu de mots qui fusionne les deux mots couille et courage.
ovaire : organe qui produit les ovules dans le corps de la femelle.
rebaptiser : donner un nouveau nom.
salope : mot vulgaire péjoratif qui indique une femme aux mœurs corrompues, avec une mauvaise connotation sexuelle.
apanage : monopole, ce qui est propre de quelqu'un.
garder un pied : garder le contact.
hippocampe : petit poisson à la queue enroulé vers l'avant et dont la tête ressemble à celle d'un cheval.
incuber : mener à terme ses œufs dans le corps.
saccager : voler les biens d'une ville, d'une maison, et la dévaster.
Voilà. J'espère que la vidéo vous a plu. Si vous avez des questions ou si vous remarqué une coquille, n'hésitez pas à me contacter ou à laisser un commentaire ci-dessous.
Continuez à étudier le français entre quat'z'yeux!
Très utile, merci ! Nicole Ferroni est géniale (mais difficile !) et j’apprécie beaucoup votre travail. Quelques petites fautes que j’ai remarquées :
RépondreSupprimerfaire face aux insultes, aux menaces, [au milieu] de son propre camp -> faire face aux insultes, aux menaces, aux huées de son propre camp
je pense que les ovaires méritaient largement de [l'importer] -> je pense que les ovaires méritaient largement de l'emporter
peut-être qu'en gardant [en] pied dans l'utérus -> peut-être qu'en gardant un pied dans l'utérus
qu'avant la loi IVG 400 femmes mouraient chaque année [de suite] d'avortements clandestins -> qu'avant la loi IVG 400 femmes mouraient chaque année des suites d'avortements clandestins