samedi 29 octobre 2016

Nicole Ferroni - Recherche appartement désespérement (28/10/16) avec sous-titres - niveau avancé

Aujourd'hui, je vous propose de regarder cette vidéo de la matinale Le 7/9 du journaliste Patrick Cohen, diffusée chaque matin sur France Inter, station de radio du groupe Radio France. Vous entendrez une chronique de la comédienne et humoriste Nicole Ferroni, intitulée Recherche appartement désespérément.


Vous trouverez tous les éléments pour vous entraîner : un vocabulaire avancé, un sujet d'actualité et intéressant, une façon de parler spontanée, l'emploi des interjections, etc. En plus, la transcription devrait vous aider avec les mots que vous ne connaissez pas. J'ai créé des sous-titres que vous pouvez  télécharger gratuitement en cliquant ici. Si vous ne savez pas comment les synchroniser avec la vidéo, voici le lien d'explication. Au fond, vous trouverez aussi un petit dictionnaire sur les mots utilisés !


Je  vous conseille de regarder d'abord la vidéo sans l'aide des sous-titres !






Patrick Cohen : Nicole Ferroni, on me dit que vous êtes enthousiaste.
Nicole Ferroni : Oui, je suis enthousiaste Mr. Cohen. Oui, donc très enthousiaste bien sûr d'avoir M.me Cosse. Donc, la dernière fois vous étiez venue en tant que Président du groupe Écologie Les Verts, et voilà on avait parlé petits pois et- tandis que, maintenant que vous êtes Ministre du logement, il faut absolument qu'on parle champignons. Puisque voilà, moi, j'attraverse quand même pas mal la France en tant que troubadour et je trouve qu'il y a de plus en plus de villes de France qui ressemblent à ce qu'on appelle des ronds de sorcière. Alors, vous qui étiez écologiste, vous le savez, qu'est-ce qu'un rond de sorcière? C'est une colonie de champignons qui se développe en cercle et qui chaque année, lorsque le cercle grandit, le cercle meurt en son centre et bourgeonne de champignons en périphérie. Et justement je trouvais qu'il y a pas mal de villes de France qui en ce moment ressemblent à ça, c'est-à-dire que le centre-ville meurt et puis il y a plein de champignons immobiliers qui bourgeonnent tout autour blu blu blu blu blu. Et justement, alors que j'étais avec mon père en voiture sur la Nationale 8 qui sépare Marseille d'Aubagne, on regardait cette allée, tous ces nouveaux programmes immobiliers en train de pousser, donc le *terrain Cotal, le majeur, les rives de Saône, parc Pavillon, Aubagne garlaban, Confidence garlaban* brèf tous ces immeubles qui bientôt ne nous permettront plus de voir le fameux Garlaban et mon père me dit “Mais qu'est-ce qu'ils ont fait? C'est quoi cette drôle de frénésie de la construction?” Et donc moi au début j'essayais de lui expliquer “Mais Papa, ce sont très certainement ces 140.000 logements sociaux tant attendus”. Sauf qu'à bien regarder les champignons en question j'ai vu que pour la plupart ce n'était pas le cas. Du coup, je savais pas quoi répondre à mon père jusqu'à ce que moi-même je me lance dans la grande aventure de l'immobilier. Parce que, bon, j'ai presque 35 ans et j'habite toujours chez mes parents et- oui, c'est vrai- et l'an passé j'ai voulu acheter un appartement à retaper dans le centre de ma ville, donc au milieu du cercle de champignons, là où tout peine à survivre, où il y a les petits panneaux “bail à céder”, “vieille personne bientôt décédée” et comme je m'apprêtais à faire pas mal de travaux dans cet appartement (électricité, double vitrage), je suis allée demander si j'avais droit à un crédit d'impôt écologique énergétique, et on m'a dit “Mais M.me Ferroni, franchement, pour le peu de temps que vous passez à Aubagne vous devriez louer” et en plus après on m'a dit “Mais en même temps vous savez quoi ? Votre appartement, il est vétuste, certes, mais pas assez pour être “pinélisable”. En fait, vous savez quoi? Vous auriez dû acheter du neuf et là ça aurait été jackpot 50 mille, 40 mille de crédit d'impôt”. Et oui, “pinélisable” parce que c'est la femme zouave Pinel, qui par un bon crédit d'impôt a pour objectif, je cite, “de stimuler la construction de logements neufs dans des zones tendues où la demande locative est supérieure à l'offre” et sauf que là c'était moi qui étais tendue, parce que j'ai dit "Oui, mais non, mais d'accord qu'on a besoin de logements, ça je suis tout à fait d'accord, mais pourquoi favoriser le neuf plutôt que l'ancien ? Pourquoi faire marcher la machine à béton, plutôt que défibriller le cœur des villes qui se meurt ? Pourquoi construire encore des tas de murs dans lesquels nous allons aller droit dedans, en appuyant sur le champignon plutôt que de freiner l'occupation abusive des sols ? ". Je me dis "C'est quand même bizarre pour une écologiste d'avoir conçu cette loi-là, puisqu'elle sait que développement durable, ce n'est pas développer durablement des choses qui seront laides pour des siècles et des siècles, amen". Et du coup j'ai cherché une explication. Alors, je sais, peut-être pas la bonne mais j'en ai trouvé une. Dans une petite phrase de M. le Président, lors de l'inauguration d'un nouveau programme immobilier qui a dit “la construction d'un logement crée deux emplois, la rénovation de l'ancien crée un à plusieurs emplois”, autrement dit entre pas trop trop et à peu près très beaucoup de l'emploi. Et comme il sait que la France a justement besoin de pas mal beaucoup plus d'emplois, notamment s'il veut se faire un peu plus élire que pas du tout, je me suis dit qu'il a peut-être préféré écouter les informations bien carrées, les sirènes du BTP, Bouygues, Eiffage, Vinci, leurs promoteurs, Kaufman et Broad, Nexity, qui ont dû lui faire un bon document. Là où les gens comme mon plombier M. Guedon, mon électricien M. Revers, mon ***, ne l'ont pas fait. (Hommage leur sera rendu). Voilà, et moi je leur aurais dit “Mais les gars faites un lobby, un petit lobby, un “lobbynet””, qu'une fois ouvert permettra de montrer que non seulement vous préservez le patrimoine d'une ville, les espaces verts, mais aussi que vous faites de l'emploi, car là M. Hollande croit que comme Mario Bros, seul le champignon le rendra puissant jusqu'aux élections, puisque Pinel est prolongé jusqu'à 2017 et ça nous aurait peut-être évité de nouveaux furoncles immobiliers. Alors bien sûr pour cette cause désespérée j'aurais aimé invoquer les- la sainte Rita des causes désespérées, mais l'église du même nom dans le XV va être détruite pour laisser un projet immobilier. Alors comme M. Hollande dit du dispositif Pinel, que ce dispositif a marché, marche et marchera encore, je me demande si on ne devrait pas ajouter "sur la tête", marche sur la tête.


Continuez avec la chronique sur la loi IVG, ou sur la réphorme de l'orthographe.


Petit dictionnaire :

groupe Écologie Les Verts
: parti politique écologiste français dont M.me Cosse a été la secrétaire nationale.
parler petit pois/champignon : jeu de mots qui fait référence à l'expression parler petit-nègre, qui renvoie à la façon de parler sans suivre les règles de grammaire, utilisée par les indigènes dans certaines colonies françaises au début du XX siècle.
troubadour : compositeur médieval de langue d'oc qui abordait principalement le thème de la chevalerie et de l'amour courtois.
bourgeonner : pousser des bourgeons, c'est-à-dire les boutons qui poussent sur les branches des arbres.
Garlaban : massif de 731 mètres d'altitude qui surplome la ville d'Aubagne.
retaper : réparer sommairement, remettre en bonne condition.
bail : contrat de location.
vétuste : ancien dépassé, vieux.
béton : matière de construction. Dans le langage courant, on désigne souvent le béton de ciment.
se mourir : être en train de dispraître, s'éteindre, s'affaiblir.
lobbynet : jeu de mot pour dire petit lobby (suffixe -et) et assonance avec robinet.
furoncle : enflure, protuubérance qui ressemble à un bouton.
sainte Rita : sainte invoquée par les fidèles lorsqu'ils ne trouvent pas la solution à leurs problèmes.
marcher sur la tête : agir de façon irraisonnée, sans bon sens.



Voilà. J'espère que la vidéo vous a plu. Si vous avez des questions ou si vous remarqué une coquille, n'hésitez pas à me contacter ou à laisser un commentaire ci-dessous.


Continuez à étudier le français entre quat'z'yeux!

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