mercredi 30 novembre 2016

French listening with transcription | Nicole Ferroni | Nous sommes un sac de vieux atomes (30/11/16)

Dans cette nouvelle chronique, Nicole Ferroni fait un hommage à la science, en tant que puissance universelle qui nous relie tous. 

Retrouvez ci-dessous la transcription de cette chronique diffusée sur France Inter le 30 novembre 2016 !


Nous sommes un sac de vieux vieux vieux atomes


↓ Transcription :


Nicole Ferroni, c'est à vous. On me dit que vous êtes contente. 

Oui, je suis très contente. Oh là là, si vous saviez comme je suis contente qu'on fête les 10 ans de La tête au carré, cette émission scientifique phare de notre antenne, parce que ça nous donne l'occasion de parler ce matin de quelque chose de vraiment important, la science, pour enfin vraiment s'informer, parce que, étymologiquement, l'information informa, c'est ce qui rentre en nous à l'intérieur pour nous former, pour nous donner une forme. Et c'est vrai que, voilà, pendant un an, on se forme à coup de sondages qui nous disent que Juppé, Sarkozy, et qu'au final c'est Fillon. On se dit Ou là là, si la gauche fait pareil, arrivés aux présidentielles, on aura tellement plus de repères intérieurs solides, plus de squelettes, que notre forme, ça va être complètement visqueux, flasque, avec des carrures de Barbapapa. Et c'est pour ça que je trouve super que ce matin on ait un petit peu la solidité de la science pour compenser tout ça parce que la science c'est du dur, c'est du sûr, ce sont des lois que même des millionnaires ne peuvent pas contourner, parce que les lois physiques sont incorruptibles, il n'y a pas de pot de vin possible, contre le temps qui passe, la gravité. La science est du supersérieux.
 Alors je sais qu'Augustin Trapenard, à côté de moi, spécialiste des arts et des lettres, il va me dire "Mais voilà Nicole, voilà pourquoi on n'est pas dans la science tous les jours dans la matinale". C'est beaucoup trop sérieux, acide désoxyribonucléique, où est la poésie ? Si aucun label ne veut d'un Nobel, c'est parce que c'est trop compliqué. Alors que non, il y a dans la science tellement de poésie très accessible, et pas du tout de quoi s'astiquer le cervelet ou le tube à essai, je parle de choses très quotidiennes de la vie.

Prenons notamment Augustin Trapenard. Augustin, quel est votre âge ? Ne vous fatiguez pas à nous le donner. Wikipédia me l'a dit. Vous avez 37 ans. Ça c'est  ce qui est écrit sur votre carte d'identité, sauf que si je demande à votre matière, quel est son âge, à vos atomes, eux me diront la vérité. Ils me diront que pour la majorité ils ont plus de 13 milliards d'années. (Quoi ?) Et là vous allez me dire  "Mais Nicole, ça m'étonnerait. Il y a 13 milliards d'années je n'étais pas là, je n'existais pas". Vous non, Augustin, mais vos atomes, ceux qui vous forment, vous constituent, eux ont été créés par nucléosynthèse, pas longtemps après le big bang, la naissance de l'univers il y a 13 milliards d'années. Et voyez, ce n'est que bien après ça que vous vous êtes fabriqué à partir de ces atomes-là, vous avez juste été fait avec des atomes que votre mère a piqué à d'autres êtres vivants en ingurgitant des aliments, et ensuite vous avez grandi avec des a que vous avez mangé et inspiré, et même si on n'est pas, (c'est pour ça), en expansion permanente, même si certains jours vous restituez aussi en tout instant une foule d'atomes à l'univers à chaque fois que vous faites pipi et que vous expirez des atomes qui après vous seront utilisés par  d'autres êtres vivants ou stockés dans l'océan, si bien qu'être Augustin Trapenard, ça ne se résume pas à être un vague sosie de Jude Law. Non, c'est être une photo éphémère d'une épopée atomique qui relie l'univers, c'est-à-dire être un tas de vieux vieux vieux atomes, et ça c'est de la pure poésie, de savoir que être vivant c'est être un sac de vieux atomes qui, allez savoir pourquoi, se retrouvent à un moment  donné, réunis par la magie de la vie. C'est de la pure philosophie. Parce que ça veut dire que du coup tous les gens qu'on écoute habituellement sur nos écrans,  à la radio, à l'heure du journal des infos, que ce soit Fillon, Macron, Trump, Assad, Hollande, qui se rendent actifs pour un pouvoir, un territoire, qui défendent leur nation, leur patrie, leur opinion, on a envie de leur dire Mais de quoi tu parles quand tu dis défendre ta nation, ton opinion, alors que toi-même tu n'est pas toi-même. Ton toi, mon moi ce n'est que de l'autre, de l'altérité pure. Alors comme M.me Le Pen et M. S** n'aiment pas les migrants, la science nous dit mais ça ne peut pas être vrai parce que vous êtes vous-même des migrants, vous n'êtes que le produit d'une incroyable migration atomique, que vous le vouliez ou non, vos atomes qui vous forment ont forcément transité ou sont issus de noirs, d'arabes, de juifs, d'homosexuels, mais aussi de méduses, de tomates, de tyrannosaures, de mouches, de champignons, de flaques de boue et de montagnes, et quand M. Assad s'est évertué à tuer de tas d'autres sacs d'atomes innocents sur, ça n'a rien, rien ni à l'échelle du temps, ni à l'échelle de l'espace, qui l'énumèrent juste à un sac de vieux vieux atomes, alors pourquoi semer la mort  au lieu de célébrer la vie quand on sait quand même c'est fou ce qui nous arrive. Nous ne sommes que des portions de cosmos très infimes et très éphémères, reliées par un flux perpétuel d'atomes qui font que nous baignons tous dans une fraternité atomique universelle, alors franchement pourquoi faire une vie sans science ? Ce serait la faire sans aucun sens !




Voilà ! J'espère que ça vous a plu. Si vous avez remarqué des coquilles, n'hésitez pas à laisser un commentaire. Pour soutenir le blog, aimez sur facebook !

Continuez à étudier le français entre quat'z'yeux !

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