lundi 31 octobre 2016

Nicole Ferroni - Réforme de l'orthographe, rions un peu (10/02/16) avec sous-titres - niveau avancé

Cet exercice de compréhension de l'oral requiert un haut niveau de compétence. Vous aurez donc à votre disposition les sous-titres du dialogue, que je vous conseille d'utiliser lors de la deuxième (ou troisième) écoute.


Il s'agit du billet de Nicole Ferroni du 10/02/2016 au titre Réforme de l'orthographe, rions un peu, diffusé par la matinale Le 7/9 de Patrick Cohen sur France Inter.

Celui de la réforme de l'orthographe est un sujet d'actualité très controversé que vous pouvez retrouver lors d'un examen comme le Dalf. Par conséquent, je vous conseille d'écouter attentivement et d'aller vous renseigner un peu plus sur Internet !






Pour télécharger les sous-titres en format .srt, cliquez ici. Si vous ne savez pas comment synchroniser les sous-titres, voici un peitit guide. Pour le fichier en format .odt, cliquez ici.

Patrick Cohen : Nicole, vous êtes gênée, avec un flexe sur le premier E.



Nicole Ferroni : Oui, oui, complètement, complètement. Écoutez, je suis un peu gênée vis-à-vis de notre invité, M. Emmanuel Carrère, puisque j'ai vu en face de votre nom ce mot écrivain et là je me suis dit..



Emmanuel Carrère : Et vous avez remarqué que j'avais une excellente orthographe ?



Nicole Ferroni : Voilà, exactement! Et je me suis dit “Mais le pauvre! Est-ce que lui doit savoir comme écrire l'écrit qu'il pousse par sa plume quand il décrit le monde, alors que la société, de l'écrivain, elle voit surtout le vain, le, le.. Ah bon vous êtes écrivain? Mais sinon, votre vrai métier c'est quoi ?”

Et bah, son métier, à M. Carrère, c'est de manier les mots, les mots qui sont comme des mains, qui sont caresses, qui sont coups de poings, qui sont ce qui vous touche, et c'est pour ça que quand les gens n'ont plus de mots, et bah ils en reviennent aux mains.

Et du coup je me disais “Mais le pauvre! Qu'est-ce qu'on fait avec son outil de travail avec cette réforme de l'orthographe ?” On prend les mots, on les décape, on les retaille, pour certains on les malmène. Après attention, tout n'est pas mauvais dans cette réforme. Il y a des aspects où elle gagne en cohérence. Je pense notamment au sagefemme qu'on a fusionné en un seul mot, sage et femme étant un pléonasme, il n'y avait effectivement aucun sens à les laisser en deux mots séparés. Mais, par contre, la chauve-souris, depuis sa fusion qu'elle doit se prononcer la chauvesouris, là je n'ai pas compris.

Pas compris non plus la fin de ce temps où les U, les I portaient sur leur tête un petit circonflexe, comme nous on porte le médaillon de notre mère-grand, autour du cou par héritage. Et je me disais “Mais non, quitte à faire une réforme, qu'on rigole un peu et qu'on s'attaque plutôt à la cédille”, comme ça sur les devantures d'entreprises de BTP, au lieu de lire maçonnerie générale, on lira maconnerie* générale et là ça sera drôle. Et en attendant, hélas, cette réforme ne fait pas rire tout le monde et le tollé provoqué, si intolérable pour le gouvernement qui s'est senti obligé d'écrire sur une page spéciale de son site “Réforme de l'orthographe, il ne revient pas au ministère de l'éducation nationale de déterminer les règles en vigeur de la langue française. Ce travail revient à l'Académie française depuis Richelieu”, Richelieu sans trait d'union, signe que la réforme est déja en application. Et là je me suis dit “Ah bon, c'est la faute de l'Académie française!” et je suis donc allée voir qui avait signé ces rectifications. Il s'agit de Maurice Druon, auteur des Rois maudits, mort en 2009 et là je me suis dit “Mais attendez, les rectifications sont publiées en 2015, et c'est de la faute à M. Druon mort 6 ans plus tôt, mort à une époque où le croquemort avait encore un trait d'union et où lorsqu'on se mêlait de ses oignons, on le faisait avec un I bien arrogant”.

Et oui, les absents ont toujours tort mais le gouvernement a inventé, les coupables sont toujours morts, comme ça ça évite qu'ils se défendent dans la polémique, car les polémiques, c'est comme le train, l'une peut cacher l'autre, et si même parfois elles déraillent, elles ont souvent une destination précise, électorale, idéologique. Et moi je dis “Oui mais laquelle ? À quoi peut bien servir cette réforme ?” Et j'essayais d'y réfléchir mais je n'y arrivais pas, parce que j'essayais d'abord de comprendre, vous savez les dernières règles pour les impôts en 2015 éditées par la direction générale des finances publiques, notamment cette phrase “Il ne faut pas déclarer les sommes versées au titre de l'intéressement des salariés à l'entreprise dans la limite d'un montant égal à la moitié du plafond annuel de la sécurité sociale affectée à la réalisation d'un plan d'épargne salariale et, dans les mêmes conditions et limites, les dividendes des actions de travail attribués aux salariés des sociétés anonymes à participation ouvrière régies par les lois du 26 avril 1917.” Et je me suis dit “Oh la la, mais je ne comprends rien” Écoutez, je vais d'abord m'occuper de ma chronique parce que ** des impôts sont tellement compliqués que je m'en occuperai après, quitte à me faire majorer. Et là je me suis dit “Mais voilà la raison, quelle formidable stratégie pour l'état d'économiser de l'argent en entretenant une grosse barrière de vocabulaire, quand on sait qu'en France 5 milliards d'euros de RSA ne sont pas versés aux personnes éligibles car une personne sur deux n'en fait pas la démarche, du fait de la trop grande complexité de celle-ci”. Je me suis dit “Mais quelle bonne idée de rendre les démarches de plus en plus complexes, en même temps qu'on rend l'éducation des enfants de plus en plus simplex, quelle bonne idée de creuser le gouffre entre l'école et la vie, entre le monde du nénufar, où le nénufar ne prend qu'un F et celui de l'effarante fraude fiscale en prent quatre, et comme ça nous nous entasserons entre les deux rives de ce gouffre, toujours plus large, un tas de gens perdus et qui ne comprennent pas ce que raconte l'État et qui laisseront plein d'argent, faute d'avoir compris, mais moi, cher État, grâce à ta réforme, j'ai appris plein de nouveaux mots comme bélître, besicles, velarium et sconse, le nom commercial de la fourrure de la mouffette. Alors tremble, État, car par ta réforme, si tu t'éloignes de moi, moi je viens à toi.

 

Pour écouter la chronique sur la loi Pinel, voici le lien.
Pour savoir ce que M.me Ferroni pense au sujet de l'orthographe, cliquez ici

Petit dictionnaire :

en venir aux mains : commencer à se battre.
décaper : rendre sa jeunesse, son éclat à quelque chose. Nettoyer en ôtant la couche superficielle.
malmener : faire subir un mauvais traitement, détériorer.
sagefemme : personne qui aide une femme lors de l'accouchement.
BTP : secteur "bâtiment et travaux publics".
maçonnerie : l'art de bâtir des constructions.
maconnerie : jeu de mots péjoratif où, en éliminant la cédille dans le mot maçonnerie, on crée un nouveau terme qui renferme ma et connerie (chose stupide).
tollé : indignation.
croquemort : personne dont  le travail consiste à transporter les morts au cimitière.
se mêler de ses oignons : penser à ses affaires et pas à ceux des autres. Selon la réforme de l'orthographe, le mot oignon doit s'écrire ognon à cause du I qu'on ne prononce pas dans l'oral.
dérailler : sortir des rails, de la route. Sortir de sa place, en parlant de la chaîne d'un vélo.
RSA : revenu de solidarité active ; montant assuré aux personnes qui n'ont pas de revenu.
éligible : qui jouit des éléments requis par quelque chose.
nénufar : genre de plante aquatique à feuilles larges et à fleurs jaunes ou blanches.
bélître : homme de rien, mendiant.
bésicles ou besicles : lunettes sans branches qui se fixent au nez.
velarium : espèce de tente qui était utilisée pour couvrir les cirques.



Voilà. J'espère que la vidéo vous a plu. Si vous avez des questions ou si vous avez remarqué des coquilles, n'hésitez pas à laisser un commentaire.


Continuez à étudier le français entre quat'z'yeux !

2 commentaires:

  1. * cimetière

    Bah, cette femme parle vraiment très très vite :))

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    1. Oui, effectivement elle parle à une vitesse étonnante ! Merci pour votre correction.

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