Autre chronique de M.me Nicole Ferroni avec transcription, cette fois de l'émission On va tous y passer du 26 février 2014, diffusée sur France Inter.
Cette nouvelle écoute au titre "Culture pour tous" porte sur la culture générale. M.me Ferroni partage avec ses auditeurs une vision particulière, nouvelle, amusante et intéressante de ce mot culture.
Vous pouvez écouter ses chroniques chaque mercredi matin, lors de la matinale le 7/9, ou les regarder en différé sur sa chaine ou sur celle de France Inter.
La culture pour tous
C'est un bon exercice pour s'entraîner en s'amusant à l'épreuve de compréhension orale de niveau avancé de français. Je vous conseille de l'écouter avant quelques fois sans les sous-titres (que vous pouvez télécharger ici en format .srt).
Transcription :
Bien, bonjour M. Pépin, donc vous êtes
professeur d'histoire, M.me Braunstein vous êtes
chercheuse au cabinet d'égyptologie au collège de France et votre
nom signifie en allemand “dioxyde de manganèse”. Je me permets
de le placer parce que comme on est quand même
sur la culture générale, autant le faire. Et ils viennent donc
nous parler de culture générale, puisque c'est l'objet de votre
livre.
Alors, la culture qu'est-ce que c'est ?
C'est le soin qu'on donne à la terre et l'attention qu'on, comment
dire, qu'on donne aussi à l'esprit. Cicéron fut d'ailleurs le
premier à appliquer ce mot cultura aux deux termes. Il disait “un
champ, si fertile soit-il, ne peut être
productif sans culture et c'est la même
chose pour l'humain sans enseignement”. Voilà, ça reflète
finalement la culture, les processus, les événements qui vont
participer au développement d'une chose, contrairement à sa nature
qui montre plutôt,
comment dire, quel est son état, la création. Moi, par exemple, je
suis châtain, je suis femelle, c'est ma nature. Je suis française,
je suis super-intelligente, c'est ma culture, voyez. Et quand on
parle de culture générale, ça fait reference, c'est la même
famille que le mot gens, c'est la culture des gens, c'est la culture
de tout le monde qu'on partage entre nous. Donc si, par exemple, Dédé
nous dit aujourd'hui “Oui, moi ma mère s'appelle Janine, parce
qu'en fait dans ma famille, toutes les femmes s'appellent Janine
parce qu'on trouve ça plus pratique”, qu'est-ce qu'on fait ? Chut,
on ne l'écoute pas. On se bouche les oreilles. On dit “Non, Dédé,
ça c'est ta culture à toi, c'est ta culture familiale,ça ne nous
concerne pas.” Si par contre il dit “Oui, ma mère s'appelle
Janine, parce que quand elle est née en Armenie, il y avait une loi
qui obligeait toutes les femmes à s'appeler Janine”, là on va
dire “Ok on t'écoute”. Parce que d'un coup ça parle de quoi ?
De droit international, de pays différents, c'est une ouverture
d'esprit, c'est une culture générale, d'accord ? C'est pas la
culture de toi, de toi, de lui. C'est la culture pour tous, le
mariage pour tous, manif pour tous, culture pour tous, d'accord ?
Mais ma mère ne s'appelle pas Janine.
Oui, mais ça va Dédé, écoute, ce
que tu crois. Alors, maintenant à quoi ça sert, bien sûr,
la culture générale ? D'abord, bien sûr,
à se la péter, c'est-à-dire que, si, par exemple, votre ex se tape
votre sœur, plutôt que de lui dire “Etant donné, excusez-moi,
que maintenant tu te tapes ma soeur, je sais pas pourquoi moi je ne
me ferais pas ton père ?” Non, voyez, ça n'est pas classe. Donc
préférez penser toujours Hop culture générale, et là vous sortez
“Eh quoi, vous voudriez qu'à jamais dans mon âme
je gardasse pour vous les ardeurs de ma flamme et vous visse à mes
yeux passer en d'autres bras sans mettre ailleurs un cœur, dont vous
ne voulez pas ?” Paff, Bim, Acte I scène 4, tartuffe de Molière,
voilà, ce que te dit Valère.
Ensuite, la culture générale, bien
sûr, ça permet aussi à
faire le tri entre les humains, c'est-à-dire que, par exemple, on
voit, on va à un concours pour devenir orthophoniste, infirmier,
gendarme, je sais pas quoi, il y a trop de candidats, bon, les
évaluer sur les compétences qui vont être nécessaires pendant
leur métier, c'est lourd, laborieux. Donc
non, une épreuve de culture générale et Bim, on les dégage, tous
ceux qui n'en ont pas. Voyez ? C'est beaucoup plus simple. Donc, si
comme moi, par contre, vous n'avez pas de culture générale mais
vous ne voulez pas être
exclus, il y a des techniques, comme, par exemple, hocher la tête,
quand quelqu'un parle de quelque chose. Hocher la tête
en souriant. Si après, vous voyez que là vraiment il commence à
poser des questions, moi je vous le dis parce que c'est des fois mon
cas à la matinale, comme j'essaye de déconner aussi à la matinale,
souvent là-bas à la matinale ils connaissent tous, comment dire,
tous les petits politiciens, ils les appellent par des pseudos, parce
que pour eux c'est évident, ils disent “Ouah c'est le Papi du
Poitou”, ils savent que c'est ***. Moi j'en sais rien, je suis
inculte. Voyez ?
Donc là, et bah c'est pas grave,
qu'est-ce qu'il faut faire ? Détourner la conversation. On peut dire
“Oh demain on reçoit Sapin, tu sais le ministre de de ?” “Oh
Sapin, dit donc, et toi c'est quoi ton arbre préféré? Le chêne
ou le palmier ?” Voyez ? Hop petit détournement. Et si par contre
la personne se rend compte, on va dire “Mais Nicole, tu sais quand
même bien qui est Michel
Sapin ?” Et bah, il faut pas avoir peur. Parce que s'il faut dire
une chose, c'est que la culture générale, générale c'est aussi
comme le genre, c'est aussi appartenir à un genre, mais vous n'êtes
pas obligés d'appartenir au genre des gens qui pensent que la
culture c'est que la connaissance. Ça peut être
aussi une autre culture, la culture du corps, la culture de la
débrouille, la culture voilà des élèves de CP.
On pourrait dire “Ouais, ouais,
excuse-moi. Oauis, c'est vrai. Je sais pas qui est Michel Sapin, mais
est-ce que toi tu sais loucher que d'un oeil, mec ? Et est-ce que toi
tu sais plier ton coude tellement fort que, regarde, il sort, il se
plie à l'envers ?” Ah-ah, et même
faire retourner du coup la situation à votre avantage et dire “Eh
les gars, regardez le gros nase, quoi, il connaît tous les noms des
députés et il n'est même
pas capable de rouler sa langue en forme de U” Voyez ? Il faut pas
hésiter. N'ayez pas peur
d'être ignorants, parce
que c'est aussi une chance, c'est aussi la joie d'être
une page blanche, et d'arriver avec un regard pur, un regard neuf. Il
faut considérer comme ça
les événements, sans à priori, parce que si vous dites “Je suis
nul”, oui, c'est pas grave, parce que être
nul c'est être zéro, et
zéro c'est le niveau des eaux, et le niveau des eaux c'est
l'horizon, donc dites-vous bien que si vous êtes
zéro, et bah c'est pas grave parce que c'est de là qu'on voit le
plus loin.
J'espère que vous avez aimé. Si vous remarquez des coquilles ou si vous avez des questions, n'hésitez pas à laisser un commentaire ci-dessous !
Et continuez à étudier le français entre quat'z'yeux !
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